Publié par La Revue des territoires dans l’édition n° 2213 du Journal des communes.
William Koeberlé est président du Conseil du commerce de France (CdCF), qui regroupe une trentaine de fédérations professionnelles.
Quelle est la situation du commerce en France ?
Le commerce vit depuis presqu’un an une situation inédite. Il a dû s’adapter, se mobiliser et se défendre pour continuer à commercer avec la Covid. Cependant, les situations sont assez inégales en fonction des secteurs. Si le commerce alimentaire a su assurer la continuité du service au public pendant les périodes de confinement, il a notamment progressé en drive ou en livraison. En revanche, pour l’équipement de la personne, comme l’habillement ou la chaussure, on a assisté à une baisse en moyenne de 20 % du chiffre d’affaires. D’autres secteurs, comme le jardinage ou le bricolage, ont optimisé leurs résultats. Nous restons inquiets pour les nombreux commerces indépendants non alimentaires situés dans les centres commerciaux actuellement fermés. Pour eux, c’est une perte importante de chiffre d’affaires, d’autant plus que le « click and collect » combiné au couvre-feu, voire aux confinements territoriaux, n’a pas permis aux clients de profiter des soldes en magasin.
La digitalisation est-elle une voie d’avenir pour nos petits commerces ? Que penser des marketplaces locales, de plus en plus nombreuses ?
S’il y a un aspect positif à retenir de la crise que nous traversons, c’est la prise de conscience par les commerces de proximité, depuis le premier confinement, de l’importance du maintien du lien avec leur clientèle. En effet, quand le magasin physique est fermé, il reste ouvert sur Internet ! Les commerçants qui ont digitalisé leur point de vente et informé, par tout moyen, leurs clients sur la manière dont ils pouvaient continuer à commercer (en proposant la livraison des produits, le retrait en magasin, etc.) sont ceux qui ont le mieux résisté. Omnicanalité et digitalisation sont les futurs leviers de croissance des commerces physiques.
Si le e-commerce ne peut pas remplacer un commerce physique notamment en termes de chiffre d’affaires, tout ce qui permet à un commerçant d’optimiser ses gains ne peut qu’être approuvé et encouragé. Les plateformes locales sont un outil parmi d’autres, mais elles ne doivent pas détériorer la relation client. Or, elles sont coûteuses et vont devenir rapidement obsolètes, car elles n’auront pas les moyens de rivaliser avec les géants du numérique notamment pour le référencement. Nous pensons qu’une autre alternative consisterait à réfléchir à une mutualisation, à une colonne vertébrale des données pour créer une véritable data du commerce.
Vous demandiez en décembre à ce que les commerçants français puissent travailler le dimanche. Cette liberté doit-elle perdurer et se généraliser dans le temps ?
Notre objectif n’est pas d’ouvrir partout, tous les dimanches, toute l’année, mais à certains moments, à certains endroits et selon les secteurs. Il est parfois plus simple d’avoir une autorisation générale, pour laisser libre chaque commerçant d’user de cette possibilité d’ouvrir ou non son magasin le dimanche. Notre souci est de simplifier la vie des commerçants, de fluidifier des flux notamment en période de crise sanitaire, afin de s’adapter aux nouvelles exigences du consommateur.