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Économie et finances

Les ouvertures dominicales se multiplient pour pallier les effets du couvre-feu

Publié par La Revue des territoires dans l’édition n° 2213 du Journal des communes.

Instauré à la mi-décembre, le couvre-feu a été renforcé à compter du 16 janvier 2021. En avançant l’interdiction de déplacement à 18h, celui-ci affecte la vitalité des centres-villes et le chiffre d’affaires des commerces de proximité. Préfectures et élus ont, par endroit, permis aux commerçants d’ouvrir certains dimanches de janvier et de février pour compenser les pertes d’activité. Une réponse d’autant plus justifiée, selon ses promoteurs, en période de soldes.

Le 25 novembre dernier, le ministre de l’économie Bruno Le Maire affirmait être favorable à l’ouverture dominicale des commerces jusqu’à Noël. Une prise de position par la suite officialisée par le gouvernement, la ministre du travail Élisabeth Borne ayant « envoyé une instruction en ce sens aux préfets ». Cette mesure a été saluée par le Conseil du commerce de France (CdCF), qui rappelait au passage que les semaines de l’Avent représentent entre 20 et 30 % du chiffre d’affaires annuel des commerçants.

Depuis, la situation sanitaire ne s’est pas améliorée. Les niveaux de contamination demeurent importants, obligeant la mise en place de reconfinements ponctuels et locaux comme dans les Alpes-Maritimes et à Dunkerque. La campagne de vaccination, quant à elle, progresse à bas rythme. D’un point de vue réglementaire enfin, le renforcement du couvre-feu et la fermeture des centres commerciaux non alimentaires de plus de 20 000 m2 noircissent, un peu plus encore, le tableau économique général.

Ouvrir le dimanche pour optimiser la période des soldes

Dans ce contexte, et dans la continuité des assouplissements consentis à l’approche de Noël, de nombreuses préfectures ont permis des dérogations au repos dominical en janvier et en février. C’est le cas des préfets des trois départements de la Basse-Normandie (Calvados, Manche et Orne), qui ont prolongé la possibilité d’ouvrir le dimanche jusqu’en février. Le caractère volontaire du travail dominical, de même que les contreparties dont bénéficient les salariés (repos compensateur et rémunération au moins doublée), est systématiquement rappelé.

En outre, la demande a pu être exprimée par les élus eux-mêmes, sur sollicitation des associations locales de commerçants. L’enjeu des deux premiers mois de l’année 2021 est de taille, dans la mesure où la date de clôture des soldes d’hiver, débutés le 20 janvier, a été repoussée au 2 mars. Dans un courrier adressé au préfet de la Haute-Corse, le maire de Bastia Pierre Savelli a ainsi appelé de ses vœux une telle autorisation destinée « à compenser les pertes financières générées par les confinements et couvre-feux successifs ». Et cela, « jusqu’à la fin du couvre-feu instauré dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire ». Un appel partiellement entendu, puisque la préfecture a accordé une dérogation pour la journée du dimanche 21 février.

Maire d’Amiens, Brigitte Fouré a elle-même signé des arrêtés autorisant l’ouverture dominicale des commerces en janvier et en février. Là aussi, l’objectif est d’atténuer l’impact des fermetures à 18h pendant le couvre-feu. « Je suis donc prête à reconduire cette mesure durant toute la période de crise sanitaire », précise-t-elle , sans pour autant y être favorable en temps normal. L’édile décrit une situation variable pour les commerçants, selon leur secteur d’activité. « En caricaturant quelque peu, on peut dire que ceux qui exercent dans le domaine alimentaire ne rencontrent pas de difficultés », détaille-t-elle. Les professionnels de la restauration, de l’hôtellerie et du tourisme, pour leur part, « survivent grâce aux aides de l’État ». Enfin, « les commerces de vêtement, malgré les soldes, sont en difficulté ».

Souplesse et adaptation

La préfecture du Bas-Rhin a pris des dispositions similaires, en janvier, sur le territoire de la ville de Strasbourg, laissant libres les autres communes du département de trancher par décision municipale. Outre la compensation du chiffre d’affaires, l’arrêté préfectoral portant ouverture exceptionnelle des commerces le dimanche a avancé la nécessaire régulation des flux de clientèle. Celui-ci souligne que la mesure a eu pour but « d’éviter les concentrations de personnes dans les rues et les commerces le samedi », diminuant ainsi la promiscuité et le respect de la distanciation physique. Cette décision est jugée « adaptée et proportionnée à l’objectif de sauvegarde de la santé publique qu’elle poursuit », tout en favorisant le développement de l’économie.

Pierre Jakubowicz, conseiller municipal strasbourgeois d’opposition, estime qu’il faut « de la souplesse et une capacité d’adaptation permanente » pour aider les professionnels du commerce. « L’ouverture dominicale n’est pas l’alpha et l’omega, mais doit rester un outil mobilisable pour les commerçants qui le souhaitent », explique-t-il. L’élu y voit un travail à mener en concertation avec les associations locales, afin de créer une dynamique collective et de donner de la visibilité. Nul doute que cette souplesse administrative, en accompagnement des contraintes sanitaires, fera l’objet de nouvelles demandes au cours des prochaines semaines en vue de soulager et soutenir les commerces de proximité.

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