Parvis de La Défense
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Urbanisme

Comment l’Île-de-France cultive son attractivité

Malgré la crise sanitaire, les indicateurs d’attractivité de la région capitale sont au beau fixe, voire se renforcent à la faveur du Brexit.

Avec la crise sanitaire et les restrictions qui s’en sont suivies, les jeunes urbains et les professionnels seraient enclins à se mettre au vert. Acteur digital sur le marché du recrutement, HelloWork estime que 42 % des candidats franciliens ont consulté, au cours du mois de septembre 2020, des offres d’emploi uniquement dans d’autres régions que la leur – contre 13 % pour leurs homologues bretons.

De là à enterrer le potentiel attractif de la région capitale ? « Il faut se défaire de cette idée reçue : la métropole parisienne ne va pas se vider, bien au contraire », défend le géographe Daniel Béhar, dans le cadre d’un exercice prospectif mené par L’Obs. Selon l’expert, l’étalement résidentiel a d’abord lieu en Île-de-France, ce qui l’incite à y voir « une forme de rééquilibrage du territoire ».

Paris reste Paris

Capitale touristique, capitale culturelle, capitale gastronomique : Paris et l’Île-de-France ne manquent pas d’atouts pour séduire les visiteurs et les investisseurs étrangers. Et c’est sur le terrain économique que son rayonnement se fait le plus sentir. Si la France maintient en 2021 sa première place en matière d’attractivité devant le Royaume-Uni et l’Allemagne, d’après le baromètre annuel de référence publié par EY, elle le doit pour beaucoup à sa région capitale. Celle-ci représente à elle seule pas moins d’un tiers de la richesse nationale, c’est-à-dire un PIB supérieur à celui de la Pologne, de la Belgique ou de la Suède.

De fait, le marché du travail francilien résiste fermement à la vague pandémique. Lors du dernier trimestre 2020, 16 000 offres d’emploi supplémentaires ont été recensées. Et le nombre de créations d’entreprise a bondi de 12 % entre 2019 et 2020. De quoi dynamiser un écosystème déjà caractérisé par une forte agilité, puisque l’on y retrouve environ 3 000 start-up. « Nos jeunes entreprises innovantes ont tenu bon et nous les soutenons avec notre structure d’aide Paris&Co », souligne Pénélope Komitès, maire-adjointe en charge de l’attractivité, dans les colonnes du Parisien. À noter, enfin, que 197 projets d’investissements étrangers ont été recueillis en 2020 sur le seul périmètre de Paris.

Une telle vitalité économique nuance les velléités de départ et de changement de région. Résultat, si déménagement il y a, beaucoup de ménages parisiens choisissent de s’installer au-delà du périphérique plutôt qu’à l’autre bout de la France. Une tendance vers la grande banlieue que les bassins d’emploi suivent, déjà forts de la présence d’entreprises telles qu’Arianespace, Phoenix Pharma ou Disneyland Paris installées respectivement à Évry-Courcouronnes (Essonne), Créteil (Val-de-Marne) et Chessy (Seine-et-Marne).

Transports et qualité de vie

Dans ce contexte, la capacité de se déplacer d’un bout à l’autre de la région Île-de-France est un marqueur déterminant de la qualité de vie des Franciliens. Ce fut, précisément, l’un des axes majeurs du premier mandat de la présidence de Valérie Pécresse. Depuis 2015, 900 lignes de bus ont été renforcées, tandis que les fréquences de Noctilien ont doublé. En outre, 650 trains et RER neufs ont été commandés, eux-mêmes dotés de climatisation et de prises électriques pour certains.

Avec la perspective des Jeux Olympiques de 2024, le Grand Paris Express a tout d’un enjeu stratégique. D’ici 2030, le « supermétro » devrait se concrétiser par l’ouverture de nouvelles lignes (15, 16, 17 et 18), reliant entre elles des municipalités de départements tels que l’Essonne, le Val-de-Marne ou la Seine-et-Marne. Objectif ? Ne plus être contraint de passer par Paris, où 3,5 millions de passagers circulent déjà par jour en train – soit 70 % du trafic national. Il pourrait en résulter une amélioration décisive de la qualité de vie au quotidien.

La question du tourisme va se situer au cœur de ces réflexions. Le 1er juillet dernier, la Ville de Paris ainsi que l’Office du tourisme et des congrès de Paris (OTCP) ont clôturé les Assises du tourisme durable, un cycle de travaux initié en mars de cette année. L’absorption des 38 millions de visiteurs accueillis dans le Grand Paris, hors période de crise sanitaire, est un aspect essentiel du bien vivre des Franciliens. Ce chiffre représente six fois la population de Paris et des trois départements de la petite couronne, sachant que la capitale compte déjà parmi les dix villes les plus denses du monde. C’est pourquoi la promotion d’un tourisme écoresponsable, respectueux des résidents permanents et mieux réparti à l’échelle de la région est érigée au rang de priorité locale.

Une région où nature et culture cohabitent

Parmi les autres atouts clés du territoire avancés par Choose Paris Région, l’Institut Paris Région et la CCI Paris Île-de-France, dans les « Faits et Chiffres 2021 de l’Île-de-France », trônent ses qualités naturelles et culturelles. La région respire et les illustrations sont multiples : les terres agricoles occupent 50 % de la superficie régionale (26 % pour les étendues boisées ou naturelles et 23 % pour les zones urbaines), les parcs naturels régionaux sont au nombre de quatre (soit 226 192 hectares), 35 sites sont classés Natura 2000 et 120 272 hectares d’espaces verts sont ouverts au public.

L’offre culturelle n’est pas en reste, au regard des 143 musées, 271 villages de caractère, 311 cinémas, 372 théâtres et 4 000 monuments historiques qui maillent le territoire régional. Sans compter les cinq sites classés à l’Unesco, que sont le Château et les jardins de Versailles, les rives de Seine, le Palais et le parc de Fontainebleau, la ville de foire médiévale de Provins et l’œuvre architecturale du Corbusier. Autant dire que la région Île-de-France a de solides arguments à faire valoir sur le terrain du bien vivre : à moins que ce ne soit le bien manger, au travers des 23 000 restaurants franciliens, qui emporte une ultime incertitude ?

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