Antenne 5g
Environnement

Impacts de la 5G : ce qu’en dit la science

Publié par La Revue des territoires dans l’édition n° 2212 du Journal des communes.

La 5G suscite de vifs débats et des oppositions parfois radicales à son déploiement. Des maires ont notamment appelé de leurs vœux un moratoire quant à la mise en service de cette cinquième génération de réseau mobile, en soulignant l’inquiétude que celle-ci génère parmi leurs administrés. Qu’en est-il réellement des impacts à prévoir de la 5G dans notre quotidien ? Les enjeux sont multiples, portant tout à la fois sur la santé, l’environnement et la cybersécurité.

Révolution technologique ou simple amélioration des réseaux mobiles existants, la portée véritable de la 5G divise. Ce qui est certain, c’est que ce nouveau réseau va prendre une dizaine d’années à se mettre en place. À son démarrage, la 5G a tout d’une « super 4G » : l’essentiel de la disponibilité spectrale, dont les enchères se sont conclues début octobre, se situe dans la bande des 3,4 – 3,6 GHz qui est à peine plus élevée que les fréquences utilisées jusqu’ici. Du point de vue de l’utilisateur ordinaire, la différence n’est pas flagrante. En revanche, le recours à de nouvelles fréquences permettra de décongestionner des réseaux 4G parfois embouteillés en zone urbaine dense. L’installation de la 5G, dans ces zones, répond ainsi à une nécessité « non seulement d’avoir un confort supplémentaire mais également de ne pas perdre le confort dont on bénéficie actuellement », explique Alain Sibille (professeur à Télécom Paris).

Sur le plan de la technologie en elle-même, les évolutions sont conséquentes. Grâce au MIMO-massif (Multiple Input Multiple Output), les antennes 5G gagnent en performance et dirigent leurs faisceaux directement vers les terminaux actifs, permettant de communiquer simultanément avec un plus grand nombre d’utilisateurs. « L’usager ne le verra pas directement, mais du point de vue des opérateurs et des équipementiers il y a une vraie différence », assure Alain Sibille. De fait, les stations de base 5G deviennent plus intelligentes, plus efficaces et surtout plus économes en énergie. Il en résulte un bénéfice économique pour les opérateurs, qui pourrait être répercuté sur la facture finale du consommateur, ainsi que pour l’environnement.

Une technologie moins énergivore, mais une consommation à la hausse

Cependant, depuis trente ans et l’apparition des premiers réseaux mobiles, on observe une augmentation constante de l’utilisation des données. « Et nous ne sommes clairement pas au bout de cela », selon le physicien des ondes. Des stations de base plus frugales donc, mais également une massification des données échangées : le bilan énergétique devrait être, in fine, à la hausse puisqu’il est « difficile de vaincre une croissance exponentielle ».

Se pose en outre la question du renouvellement des parcs de téléphonie mobile, car la plupart des smartphones sont aujourd’hui incompatibles avec la 5G. Ces changements d’équipements s’effectueront de manière lente et étalée, puisque les réseaux 4G demeurent et que la coexistence 4G/5G va subsister longtemps. Difficile, dans ce contexte, d’imaginer un phénomène de ruée vers les téléphones 5G à brève échéance.

Un consensus scientifique sur les effets sanitaires de la 5G ?

Les effets sur la santé des ondes 5G constituent un facteur d’inquiétude de premier plan. Aux yeux d’Alain Sibille, il existe une forme de consensus au sein de la communauté scientifique considérant qu’il n’y a rien de démontré quant à d’éventuels effets néfastes ou délétères. Ce n’est pas dire, pour autant, que les ondes n’ont pas une capacité d’action sur les milieux biologiques et sur les êtres vivants, puisque celles dans lesquelles nous sommes plongés sont par nature artificielles et bien supérieures aux champs naturels.

Mais ces effets physiologiques sont difficiles à identifier et, s’ils devaient être nuisibles à la santé humaine, « ils seraient rares et restreints à des cas très particuliers ». Toujours est-il que l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) planche sur un nouveau rapport dont les conclusions sont attendues au printemps 2021.

Des risques « cyber » mécaniquement renforcés

L’une des promesses phares de la 5G est de rendre possible des innovations nécessitant d’importants débits et une faible latence : véhicules autonomes, chirurgie à distance, objets connectés, etc. Ces applications renvoient à des usages critiques dans les domaines économiques et industriels, et traduisent une plus grande pénétration de la technologie dans notre vie quotidienne. Les failles « cyber » déjà existantes prennent, de fait, davantage d’ampleur et menacent d’être plus impactantes.

L’autre point est qu’il est impossible, sans procéder à une rétro-ingénierie sophistiquée, de garantir qu’il n’y a pas de « chevaux de Troie » dans les puces des équipements 5G et de lignes de codes malveillantes dans les logiciels qui ne seraient pas accessibles en open source. « Il y a des craintes et il est difficile de les exclure », estime Alain Sibille, qui ne croit pas malgré tout à un scénario de surveillance généralisée. Toutes ces interrogations, liées à la place que nous souhaitons accorder au numérique dans notre société et à ses conséquences sur nos modes de vie, positives comme négatives, ne manqueront pas d’animer les discussions de fin d’année.

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