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Environnement

Le confinement ou l’avènement du « consommer local »

Si le confinement est riche d’enseignements quant aux habitudes de consommation des Français, l’un d’entre eux est particulièrement saillant : les circuits courts et de proximité ont séduit les Français. Un engouement qui s’est traduit, tout au long de la crise sanitaire, par le rapprochement de la grande distribution avec les producteurs locaux dans un contexte de promotion du Made in France. Reste à savoir si cette tendance peut s’inscrire sur le long terme.

Le « consommer local » : une tendance de fond pendant la période de confinement

Si le montant de la consommation est un puissant indicateur pour appréhender la vitalité d’une économie et, plus encore, pour prévoir les éventuelles crises économiques, les comportements qui lui sont liés sont de formidables annonciateurs des tendances à venir. Un constat d’autant plus vrai que la crise sanitaire a provoqué une modification de ces comportements. De prime abord, d’aucuns s’accordent à dire que les canaux de distribution deviendront plus digitaux. Des comportements plus digitaux certes, mais aussi plus sensibles à la production et à la consommation locale. Derrière cette tendance, plusieurs raisons : la volonté de préserver sa santé en mangeant mieux, ainsi que l’envie de soutenir une économie locale et de préserver la planète.

Selon une étude de l’Observatoire E.Leclerc réalisée par Ipsos, fin avril, les Français confinés ont davantage privilégié les produits hexagonaux, pour 45 % d’entre eux. Ils sont 37 % à avoir priorisé les produits frais et, dans une même proportion, à avoir privilégié les produits issus des circuits courts. Des consommateurs soucieux de soutenir les producteurs locaux, donc, puisqu’ils sont 63 % à déclarer vouloir « consommer le plus possible de produits locaux pour soutenir l’économie ».

Si la qualité ou encore la connaissance de l’origine du produit peuvent inciter les consommateurs à acheter français, une autre variable entre en jeu dans le contexte de crise sanitaire. La consommation est devenue un acte de solidarité, dans une situation où les producteurs locaux ont subi de plein fouet la fermeture des frontières et donc la perte de débouchés.

La grande distribution s’empare de la tendance du consommer local

Si les consommateurs ont été un moteur essentiel d’une tendance à la consommation locale, plusieurs initiatives sont à porter au crédit de la grande distribution. Des initiatives qui ont pris différentes formes, des campagnes de consommation en passant par le rachat des stocks et la mise en avant de produits dans les rayons des supermarchés.

Dès le début de la crise sanitaire, les enseignes de la grande distribution se sont engagées à promouvoir les producteurs locaux. Parmi les figures de proue du secteur, Michel-Édouard Leclerc, président des centres E.Leclerc, s’est fait le chantre de la production française. Par l’intermédiaire de ses comptes Twitter et Facebook, il fait régulièrement la promotion de la production française, alors que les producteurs étaient et sont encore parfois confrontés à des difficultés d’écoulement des stocks.

Plus encore, l’enseigne a mis en place une mécanique promotionnelle afin de « booster » les ventes de produits français. Un engagement du groupe, via la conclusion de partenariats locaux gagnant-gagnant entre les producteurs et les distributeurs. Au-delà de l’exemple du groupe E.Leclerc, c’est l’ensemble d’un secteur, toutes enseignes confondues, qui s’est porté garant de la vente de la production française. En témoigne le rachat des stocks des producteurs par la grande distribution tout au long de la crise sanitaire.

Dans les mois à venir, l’enjeu pour les distributeurs est donc de profiter du maillage territorial important dont bénéficient les supermarchés français. Pour cela, renforcer son réseau d’approvisionnement est une solution pour proposer, à terme, une offre plus locale. Nul doute que, dans les semaines et mois à venir, de nouveaux partenariats producteurs-supermarchés émergeront.

La tendance du « consommer local » peut-elle résister à la crise économique ?

À l’amorce d’une crise économique d’ampleur, la question du pouvoir d’achat est dans tous les esprits. Une baisse du pouvoir d’achat pourrait avoir raison de la consommation locale, souvent plus chère que les produits en provenance de l’étranger.

Avec la réouverture des frontières, et face à l’afflux d’une production étrangère souvent moins onéreuse que la production française, les consommateurs seront peut être davantage guidés par une logique de prix. À cet égard, pendant la crise sanitaire, la promotion de la production française a conduit à une hausse importante du prix des fruits et légumes. Et nombreux sont les consommateurs qui se sont abstenus, incapables d’acheter, en pleine saison, des fraises françaises trois à quatre fois plus chères que les fraises espagnoles. Tout l’enjeu pour la production française est donc d’apporter une réelle valeur ajoutée à ces produits.

À la préférence française, il faudra associer l’argument économique, qui devrait peser davantage à l’aube d’une crise économique importante. L’offre nationale devra se démarquer de l’offre étrangère si elle souhaite conserver la dynamique ainsi enregistrée pendant la séquence du confinement.

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