82 propositions réalisées sur 118. Tel est, selon Hervé Morin, le bilan du groupe de la Normandie Conquérante à la tête du conseil régional depuis six ans. Avec 32 % des intentions de vote pour le premier tour des prochaines élections, l’actuel président de région et candidat pour un second mandat fait actuellement course en tête. Zoom sur les actions menées lors de la mandature qui s’achève.
Quatre points séparent aujourd’hui dans les sondages Hervé Morin (32 %) et le représentant du Rassemblement national, Nicolas Bay (28 %). Tous deux maintiennent à distance les cinq autres listes concurrentes, que sont celles conduites par la socialiste Mélanie Boulanger (16 %), par le marcheur Laurent Bonnaterre (11 %), par le communiste Sébastien Jumel (10 %), par le candidat Lutte ouvrière Pascal Le Manach (2 %) et par la députée dissidente LaREM Stéphanie Kerbarh (1 %).
Dans ce contexte de campagne, Hervé Morin entend défendre et mettre en avant les initiatives portées ces six dernières années en tant que président de région. Le bilan de son mandat a d’ailleurs fait l’objet d’une présentation dédiée à Boulleville (Eure), dans les locaux de l’entreprise RIOU Glass, là même où sa campagne avait été lancée en 2015. Réunification de la région Normandie, mobilités, formation et développement économique : les priorités ont été multiples tout en évitant le « saupoudrage », selon le candidat.
Une politique de l’équilibre territorial
L’enjeu premier du mandat aura été de relever le défi de la réunification de la région, jusqu’ici scindée entre Haute et Basse-Normandie. « J’ose affirmer que nous avons réussi cette réunification », déclare Hervé Morin. Parmi les principes qui ont présidé la ligne de conduite régionale, celui de l’équilibre est souligné. L’installation du siège de la région à Caen et de la préfecture à Rouen en est un symbole. Plus largement, les niveaux d’investissement et de subvention ont été plus importants en zone rurale, où la ressource fiscale est moindre, au nom de la solidarité entre les territoires.
L’exécutif régional a ainsi cherché à investir le registre d’une Normandie unie et conquérante. « Parce que tout ce que représente la Normandie, c’est positif », soutient le président sortant. La préférence locale est assumée, 98 % des marchés publics liés à la région ayant été attribués à des entreprises normandes. L’exigence d’équilibre territorial s’est traduite par plusieurs politiques publiques emblématiques. 234 millions d’euros ont été consacrés à l’accélération du déploiement, assuré par les départements, du très haut débit. L’intégralité de la Normandie devrait être fibrée d’ici deux à trois ans. Et des dispositifs nouveaux ont été imaginés afin de redynamiser les centres-villes et les cœurs de bourg, tels que la création d’une foncière au service de l’immobilier commercial et l’octroi d’un label à destination des villes de la reconstruction.
Un plan Marshall pour le ferroviaire
Autre volet marquant de l’implication de la région, celui des mobilités. Un plan Marshall pour le train avait été annoncé. Celui-ci a permis d’investir 2,2 milliards d’euros en faveur du ferroviaire. La responsabilité des lignes Intercités a basculé dans l’escarcelle du conseil régional. D’après Hervé Morin, le taux de régularité des trains est aujourd’hui de 95 % en Normandie – l’un des meilleurs de France. En outre, la desserte a été renforcée grâce à la réouverture de certaines lignes, comme celles de Serqueux-Gisors ou de Fécamp-Bréauté. L’offre ferroviaire a augmenté de 20 % sur l’ensemble de la Normandie. Par exemple, le Paris-Rouen bénéficie désormais de 14 trajets supplémentaires.
En plus des trains, la majorité emmenée par Hervé Morin mise volontiers sur les investissements routiers. L’aménagement en 2×2 voies de la liaison Évreux-Chaufour sur la RN13, dans l’Eure, a été relancé. « La région assure la maîtrise d’ouvrage de ce projet dont les études ont commencé et dont les travaux, estimés à 200 millions d’euros, devraient débuter dès 2027 », lit-on sur le site de l’équipe de campagne. La liste se déclare favorable au contournement Est de Rouen.
Une politique de formation ambitieuse
L’équilibre territorial visé a également guidé la mise en œuvre d’une politique de formation ambitieuse. Les universités ont fait l’objet d’investissements conséquents, qu’il s’agisse du campus du Madrillet à Saint-Étienne-du-Rouvray, celui du Plateau Nord à Caen ou celui du Havre. Un milliard d’euros ont été fléchés, dont 250 millions provenant de la région. « Pour nous, la question universitaire est clé en matière d’attractivité du territoire », affirme Hervé Morin. Objectif : réduire le nombre de jeunes qui quittent la Normandie pour poursuivre leurs études à Paris ou en Bretagne, évalué à 3 500 chaque année.
Les formations destinées aux demandeurs d’emploi ont, pour leur part, augmenté de 25 %. 800 nouveaux programmes ont été ouverts. Concernant les structures paramédicales, deux instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi) ont été financés, à Alençon et à Fécamp. Deux autres sont à venir, à Évreux et à Cherbourg. L’apprentissage, sur cinq ans, a connu une hausse de 20 %.
Volontarisme et développement économique
Enfin, l’action régionale était particulièrement attendue sur le champ du développement économique, compétence phare de cet échelon depuis l’adoption de la loi NOTRe. En matière d’économie rurale, 16 000 des 31 000 exploitations agricoles normandes ont bénéficié d’un soutien de la région. De façon plus générale, l’exécutif régional s’est attelé à bâtir un écosystème favorable à toutes les étapes de la vie d’une entreprise. Le programme Pépite s’adresse aux étudiants désireux d’entreprendre, là où Normandie Valorisation accompagne les chercheurs dans des logiques de transfert de technologie. Sans compter Normandie Incubation, le fonds souverain normand ou bien encore le dispositif Coup de pouce.
Les efforts consentis en matière de développement économique ciblent prioritairement les filières jugées stratégiques. L’hydrogène en est une illustration. « Nous nous sommes engagés pour que la Vallée de la Seine soit l’un des grands corridors européens de l’hydrogène », rappelle Hervé Morin. Le potentiel de l’Axe Seine a lui aussi été au centre de l’attention de la région, avec le déblocage du projet de « Chatière » pour assurer un accès direct à la Seine depuis le port du Havre. 400 millions d’euros ont été investis dans les trois ports de Dieppe, de Caen et de Cherbourg. Dans le domaine du développement durable et de l’économie circulaire, la région a soutenu la création de Kiwaï, une plateforme de financement participatif vouée à l’innovation verte, aux côtés de la Caisse d’épargne.
Au rang des domaines d’excellence sur lesquels se sont fondées les politiques économiques se trouvent encore le tourisme, à l’instar du cluster médiéval, le sport, au travers du centre sportif de Normandie, ainsi que la filière équine. La culture n’a pas été mise de côté, son budget ayant progressé de 15 %. En période de crise sanitaire, 4 millions d’euros ont été mobilisés pour soutenir la création artistique. Au travers du portage de tous ces atouts, c’est un « message normand » que la région a souhaité diffuser. Le Forum Normandie pour la paix en est, aux yeux d’Hervé Morin, l’une des plus probantes incarnations.
« Ce que je retiens, c’est que nous avons fait ce que nous avons dit que nous ferions. » Les électeurs n’ont plus que quelques jours, à présent, pour se forger leur conviction quant aux bilans des exécutifs sortants et pour prendre connaissance des programmes de leurs challengers : avec à la clé, la sanction ou la reconduction.