Alain Rousset
Crédit : Alain Rousset 2021
Vie publique

Nouvelle-Aquitaine : quel bilan pour Alain Rousset, candidat à sa réélection ?

Président de région depuis 1998, le socialiste Alain Rousset brigue un cinquième mandat. Un record de longévité. Mais le terrain de jeu électoral porte désormais sur le périmètre élargi de la Nouvelle-Aquitaine, fruit de la fusion en 2016 des trois régions Aquitaine, Poitou-Charentes et Limousin. Quel bilan pour celui qui se présente comme un « élu de gauche ami des entreprises » ?

Les sondages le placent dans la peau du favori. Avec 25 % des intentions de vote, d’après une enquête Ifop pour le groupe Sud Ouest, Alain Rousset est bien parti pour remporter les scrutins des 20 et 27 juin prochains. Il est soutenu par le Parti socialiste, le Parti radical de gauche et le Parti communiste. Des huit candidats en lice, quatre peuvent prétendre à ce stade l’accompagner au second tour : Edwige Diaz (RN), la ministre Geneviève Darrieussecq (majorité présidentielle), l’éphémère maire de Bordeaux Nicolas Florian (LR) et l’actuel vice-président de région en charge de l’environnement et de la biodiversité Nicolas Thierry (EELV). Clémence Guetté (LFI/NPA), Eddie Puyjalon (DVD) et Guillaume Perchet (LO) complètent la liste des postulants.

À l’âge de soixante-dix ans, peut-il s’agir du « mandat de trop » pour Alain Rousset ? Lui assure avoir une motivation intacte et « mille projets » dans la besace. Trois axes forts se dégagent de son programme pour les six prochaines années, avec l’emploi et les entreprises, l’environnement et la santé ainsi que la force et les talents des territoires. Le slogan de campagne est d’ailleurs tout désigné : « les talents de nos territoires, l’union de nos énergies ». Le président sortant compte bien mettre en avant son expérience, d’autant plus en période de crise sanitaire, et le bilan des actions accomplies à l’occasion du précédent mandat.

Le soutien à l’emploi et aux entreprises

Premier marqueur du mandat qui s’achève, le soutien apporté à l’emploi et aux entreprises. Alain Rousset aime à le rappeler : « la région a créé 36 % des emplois industriels net de France en 2019 ». Ce résultat positif s’explique par des dispositifs volontaristes de soutien et de formation : son site de campagne recense 68 000 très petites entreprises (TPE) accompagnées depuis 2017 et plus de 40 000 demandeurs d’emploi formés par an. La réindustrialisation est un pilier important de la stratégie de développement économique de la région Nouvelle-Aquitaine, pionnière en la matière au travers du programme Usine du futur. En aidant, aux côtés de l’État, les Papeteries de Condat à investir dans l’installation d’une nouvelle ligne de production, la collectivité a contribué à la survie de l’entreprise et au maintien de plus de 400 emplois.

Le conseil régional mise volontiers sur les savoir-faire traditionnels et les filières d’excellence. Le projet Ferrocampus a officiellement été lancé en juillet 2020 et vise, d’ici 2025 à Saintes, à doter la Nouvelle-Aquitaine d’une technopole dédiée au ferroviaire. De même, des réflexions ont été initiées au sujet de Naval Campus, un site situé entre Rochefort et La Rochelle. Croisant énergies publiques et privées, il sera consacré à la formation et à l’innovation dans un secteur jugé stratégique. Les produits artisanaux ne sont pas en reste, avec la renaissance d’une filière cuir autour de Saint-Junien, Thiviers et Montbron.

La voie de la transition écologique

Si Nicolas Thierry, actuel vice-président au conseil régional et ex-allié vert d’Alain Rousset, a souhaité conduire une candidature écologiste autonome, c’est qu’il estime que la collectivité doit aller plus loin dans ses objectifs environnementaux. Pourtant, l’équipe régionale en place a œuvré à la conclusion d’un engagement collectif baptisé Néo Terra. Adoptée en juillet 2019, cette feuille de route fixe 2030 pour horizon et se décline en mesures concrètes pour accompagner la transition écologique. 450 chercheurs ont notamment été associés à cette démarche. « Parmi nos actions menées, on retrouve les exploitations agricoles certifiées bio, la réduction des pesticides et les zones humides réhabilitées », est-il précisé sur le compte Facebook d’Alain Rousset. À la clé, une écologie qui puisse être « un progrès pour tous, et non une punition pour quiconque ».

C’est d’abord l’humain que la région a jusqu’ici souhaité mettre en avant, en veillant à son rapport au monde et à la préservation de sa santé. Deux projets sont emblématiques de cette philosophie. Le premier, annoncé en février 2020 au Salon de l’agriculture, concerne la création d’une école vétérinaire à Limoges sous quatre à cinq ans. Il s’agirait du cinquième établissement de ce type en France, perçu comme étant « indispensable à la transition agroécologique ». Le défi poursuivi est de créer un réseau commun de chercheurs, d’entreprises et d’agriculteurs pour répondre aux enjeux de santé humaine et de qualité de la biodiversité. Le second projet, amorcé fin 2020, porte sur la mise en place d’un gérontopôle, là encore dans l’ex-capitale limousine. Il s’agit d’en faire le centre stratégique de la silver économie néo-aquitaine.

Un territoire connecté et pourvoyeur de talents

En outre, un point d’honneur a été mis ces six dernières années sur le renforcement de la qualité de vie dans la région. Le conseil régional a planché sur la mise en place du très haut débit dans des endroits isolés, sur le rafraîchissement et la modernisation du réseau ferroviaire, sur le financement de 302 kilomètres d’itinéraires cyclables ou bien encore de 190 maisons de santé pluridisciplinaires. La liaison Limoges-Poitiers a, quant à elle, pris du retard : « le retard est dû à l’État », explique Alain Rousset dans les colonnes du Populaire du Centre.

La culture et les jeunes, enfin, n’ont pas été oubliés par l’action régionale. Un plan d’investissement de 46,4 millions d’euros a été débloqué au bénéfice du lycée des métiers du bâtiment de Felletin, dans la Creuse. Ce lycée « sera la tête de pont régionale des métiers de conservation et d’amélioration du patrimoine », selon le programme du candidat et président sortant. Et 10 000 places d’hébergement pour les étudiants, les lycéens et les jeunes en formation ont été créées. Sur le plan de la culture, des tournages de film ont repris dans le Limousin, tandis qu’un nouveau fonds régional d’art contemporain se construit à Limoges.

Un bilan pluriel, donc, à l’échelle d’une région qui est la plus vaste de France, avec ses 84 000 kilomètres carrés. À voir s’il sera suffisant pour convaincre les Néo-Aquitains de placer, une cinquième fois consécutive, leur confiance dans la liste menée par Alain Rousset. Les critiques fusent déjà, bien sûr, pour dénoncer notamment une concentration excessive des pouvoirs à Bordeaux. Aux électeurs maintenant de trancher.

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